(Jean-François Dansette-Chombart)
Jean-François Dansette est baptisé à Halluin le 8 mai 1744, son grand-père, Jean- François Dansette (1676-1746), est son parrain. Il décède à Houplines le 25 février 1809 à l’âge de 65 ans.
Rappelons que lorsqu’il perd son père, Jean-François n’a que 7 ans et au décès de sa mère il n’a que 12 ans Comme nous l’avons dit, il est élevé, avec son frère, par sa tante Marie-Thérèse Dansette, épouse de Jacques Martin Lambelin, censier à Halluin.
II épouse Marie Françoise Chombart, le 4 octobre 1763 à Bondues, il a 19 ans, elle aussi. Leur contrat de mariage a été passé le 28 septembre, devant maître Duriez, notaire à Lille.
L’apport du futur marié se compose de « meubles et effets de ménage, d’agriculture, de labour, bestiaux et autres effets » estimés à 6.493 florins. L’apport de la future mariée est de 4.500 florins. Jean-François reçoit, avec son frère Antoine, le droit au bail de la cense de la basse-cour du château qu’exploitait leur père. Comme dit plus haut, Jean-François verse à son frère Antoine la somme de 900 florins et doit subvenir à son l’entretien, pension et écolage » (l’écolage c’est la scolarité) en en supportant la moitié des frais jusqu’à ses vingt ans (TAB. 2136-94).
Marie-Françoise Chombart est baptisée le 6 novembre 1744 à Bondues. Elle décède, à Houplines, le 26 décembre 1813, âgée de 70 ans. Elle est la fille de Jean-François et de Marie-Jenne Delebecque. Jean-François Chombart est censier à Bondues. Le 28 août 1734, il a racheté à sa mère le matériel, le cheptel et la récolte de l’année de la cense qu’exploitaient ses parents pour la somme de 15.000 livres parisis (TAB. 7691-81).
Rappelons pour comprendre les chiffres ci-dessus qu’un Florin vaut deux livres parisis.
Les Chombart et les Dansette ont une position sociale importante, ce sont de gros censiers, les Dansette exploitent des terres du duc d’Orléans et les Chombart des terres de l’abbaye des Dames de Marquette.
Le Registre des 5 tailles (impôts) d’Halluin pour l’année 1768 donne le détail des terres louées qu’exploite Jean-François Dansette, tmiquement sur Halluin
- La cense de la basse-cour du château pour42 bonniers, 15 cens et 41 verges.
- 3 bonniers et 5 cens de pré appartenant au prince (le duc d’Orléans)
- 12 cens de « pré aux pauvres » (appartenant au bureau de bienfaisance).
- 12 cens appartenant à un monsieur de Coisne.
- 2 bonniers appartenant à un monsieur Becuwe.
Soit plus de 74 hectares.
En 1752, il doit s’acquitter de la « double taille de passage » (impôt doublé pour supporter des dépenses exceptionnelles des guerres de Louis XV), décidée pour seulement un an mais qui fut reconduite plusieurs années de suite… pour cela il paye 239 livres.
Les fils de Jean-Baptiste Danset-Holbecq, vivant à la même époque, sont taxés, pour Pierre-François à 5 livres et 16 sols, et pour Antoine à 14 livres et 5 sols. Bertram Danset est taxé à 18 sols, enfin un Jacques Danset est taxé, lui, pour 3 livres et 9 sols… (A.D.N. J 1144). Ce sont des « Danset » cités dans la généalogie des Danset d’Halluin, il y a peut-être un lien de parenté mais ils ne sont pas de notre lignée.
En 1769, Charles Hyppolite d’Affringue, régisseur des biens du duc d’Orléans sur Comines et Halluin, reconduit le bail de « la cense de la basse-cour de l’ancien château d’Halluin » au nom de Jean-François Dansette, pour la somme de 2.200 florins l’an (TAB. 6972-6).
Douze cens de terres ont été soustraits pour être loués à Pierre-François Danset, fils de Jean-Baptiste, pour une blanchisserie de fils qui occupera une quarantaine d’ouvriers.
Cette blanchisserie a été créée, avec l’appui du duc d’Orléans, pour que les filateurs locaux n’envoient plus leur production dans les blanchisseries de Menin, en pays autrichien, et donc pour qu’ils ne supportent plus les taxes de douanes.
Le bail des moulins à vent, à moudre le blé, au Gavre, est, lui aussi, enouvelé, en même temps, pour 500 florins l’an au nom seul de Jean-François. Le bail situe ces moulins près du chemin d’Halluin à Tournai.
A la signature des baux, Jean-François Dansette n’a que 25 ans, son oncle Jacques-Martin Lambelin, son ex-tuteur, se porte caution pour lui (TAB. 6972-9).
Le bail signé en 1746 pour la cense et le moulin, l’était pour un loyer de 1.280 florins l’an… Ce nouveau bail, en 1769, avec douze cens de terre en moins, pour un loyer total, cense et moulins, de 2.700 florins prouve bien qu’en 23 ans, les conditions matérielles des censiers se sont bien améliorées, sinon il n’aurait pas accepté.
Jean François Dansette emploie un nombreux personnel et possède un grand nombre de bêtes, chevaux, bovins, porcs et moutons, il ne produit pas assez de foin, et doit acheter tous les ans, pour 200 à 230 livres, le droit de faucher du foin sur d’autres prés que les siens.
L’héritage qu’il a reçu de ses parents, en 1768, décrit ses propriétés à Halluin, Bousbecque, Wervik et Houplines (voir au chapitre précédent). II est aussi, avec son épouse, propriétaire d’un manoir à Tourcoing de 3 bonniers et 6 cens qu’ils ont acheté ensemble, en 1783, ils le mettent en location pour 240 florins l’an (TAB. 5367-21).
En 1769, Louis XV, roi de France et l’Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, archiduchesse, reine de Hongrie et de Bohème, fille de Charles VI, épouse de François I er (de Lorraine), mère de Marie-Antoinette, signent un traité de rectification de frontière. La
France reçoit le fief de la Mothe à Armentières en échange d’une partie d’Halluin
L’ancienne frontière constituée par la Lys est remplacée par le chemin de Reckem à Menin et la « morte Lys ». De ce fait les bâtiments de la cense habitée par Jean-François Dansette et une partie des terres, deviennent « autrichiennes », l’autre partie des terres reste française.
La ferme est représentée sur le plan de rectification de la frontière (voir, plus loin, la photocopie de ce plan), le long du « chemin des pretz Danzette » partant du « grand chemin de Lauwe à Halluin » se dirigeant vers la Lys (A.D.N. C 575, 576 et 597)
Louis XIV, dès son arrivée dans la région, en 1668, avait mis en place un système douanier rigoureux et contraignant pour obliger les habitants de la Châtellenie de Lille à commercer avec la France et non plus avec la Flandre comme ils en avaient naturellement l’habitude… En 1769, ce système existe toujours… Les Dansette acquitteront donc les taxes douanières, en vigueur, s’ils passent en France ce qu’ils ont produit en territoire autrichien. Ils en payeront aussi s’ils passent en territoire autrichien ce qu’ils ont produit sur le territoire français…
Le duc d’Orléans, n’apprécie pas de voir passer les bâtiments de sa cense et une partie de ses terres sous administration autrichienne. On voit sur le plan qu’il a fait construire un second moulin, les paysans, restés français, ne viendront plus y moudre leurs grains…
Le duc présente un rapport défavorable à cet échange. Il prend la défense de ses fermiers Dansette qui vont subir les tracasseries douanières, qui vont aussi être taxés s’ils livrent le blé produit en France aux moulins devenus autrichiens. II prend aussi la défense de son locataire Pierre-François Danset, le blanchisseur, qui risque fort d’être ruiné puisqu’en devenant autrichien il va subir directement la concurrence mortelle des blanchisseurs de Menin.
Malgré l’intervention du duc, le traité est signé en 1769… La convention, réglant les derniers détails, est signée en 1779, soit 10 ans plus tard, sous le règne de Louis XVI.
Les Dansette ne sont plus français, ils sont autrichiens et habitent « Halluin-Noort ». Halluin, en effet, a été divisé en deux villes, »HaIIuin » en France, et, « Halluin-Noort » en territoire autrichien. Cette dernière sera incorporée à Menin en 1795.
L’année 1774 est l’année de l’avènement de Louis XVI, né en 1754.
1774 – 1791, Louis XVI Roi de France… 1791 – 1793, Louis roi des français.
Le 21 janvier 1793, il est guillotiné.
Comme son grand-père et comme son père, Jean-François Dansette est « Lieutenant Bailli de la Seigneurie de Comines et Halluin » (TAB. 6933-18). Puis après la division d’Halluin, il sera échevin d’Halluin-Noort de 1780 à 1794.
La rectification de la frontière semble lui causer suffisamment de tracas pour qu’il cherche à louer une nouvelle exploitation.
Elizabeth Vilain de Gand, de Mérode et de Montmorency, née princesse d’Isenghien, comtesse de Lautargais et autres, est « Dame des terres et Seigneuries d’Houplines et Molimont », près d’Armentières.
Un différend avec son locataire se solde par un accord entre les parties. La transaction est passée le 3 1 mai 1791. Le locataire en titre, Monsieur Lemestre, reçoit une indemnité de 8.250 livres et doit accepter qu’un nouveau censier entre en jouissance du domame le I septembre et des moulins le I er octobre 1791 (TAB. 5108-65). Ce nouveau censier est Jean-François Dansette..
Cet important ensemble comprend, en plus des terres de la cense de Molimont, 1 moulin à moudre blé, 1 moulin servant aux écorses, 2 moulins à fouler drap et 1 moulin à tordre huile, le tout situé sur la Lys avec un petit pré autour.
- 1 moulin à moudre blé situé sur la becque Cazier et II cens de pré.
- 1 moulin à vent à moudre blé et sa motte, construit en 1779.
- la maison d’habitation, son potager et le hangar à voitures.
- la pêcherie depuis la planche traversant la Lys près de l’église de Houplines jusqu’aux
- moulins ainsi que la pêcherie du Braquet.
- « – le droit de péage des bateazcr passant aux écluses ».
Le bail, pour l’ensemble, est de 12.000 livres l’an (A.N. F7/5408 et A.D.N. L-1183, voir aussi J.Lambert-Dansette).
Les Vilain de Gand, de Mérode, de Montmorency et autres sont une illustre lignée flamande qui a servi aux plus hautes fonctions et souvent avec courage les comtes de Flandre.
Philippe Balthazar Vilain de Gand (1617-1680) est un très gros propriétaire terien en Flandre, en Hainaut, dans la Châtellenie de Lille et même en France. En 1668, notre régon est passée sous la domination de Louis XIV.
Les Vilain de Gand, pour préserver leurs propriétés se rangent, alors, du côté du Roi de France qui, cherchant à s’attacher quelques grandes familles flamandes, les fait Princes d’Isenghien du nom d’une de leur terre.
Un mois après son entrée en jouissance, Jean-François Dansette passe un compromis avec un meunier, un certain Lalloi, sous-locataire, concernant, sans doute, l’état d’un moulin car il consiste en la désignation d’experts, charpentier et maréchal ferrant (A.D.N.3 Q 13/1).
Jean-François Dansette habite toujours Halluin-Noort, où il continue à exploiter une partie de « la cense de la basse-cour de l’ancien château d’Halluin ». II va souvent à Houplines surveiller le domaine de Molimont et l’exploitation des moulins. Il y loge son fils Louis Joseph, alors âgé de vingt ans, pour le seconder.
Le 20 avril 1792, l’Assemblée Législative déclare la guerre au souverain des Pays-Bas autrichiens. Notre région frontalière est particulièrement touchée. Début 1794, le général autrichien Clairfayt essaye, en vain, de s’emparer d’Halluin défendu par la brigade de Vandamme. Le 18 mal commence la bataille de Tourcoing qui donne la victoire aux troupes françaises. Toute la « Belgique » est occupée le 27 juillet et le restera jusqu’en 1814, c’est ce qu’on appelle les « Les Pays Conquis ».
Jean-François Dansette habitant Halluin-Noort, doit passer fréquemment la frontière pour venir à Molimont sur Houplines. Sa position sociale fait qu’il est jalousé et envié. Sa fidélité à la religion, et ses passages fréquents entre les territoires autrichiens et la France font qu’il est dénoncé, une première fois, « d’être un émigré ». Le 24 messidor de l’an I, il parvient à se faire rayer « provisoirement » de la liste des émigrés.
Moins d’un an plus tard ses démêlés avec les révolutionnaires reprennent, en effet le 24 ventôse de l’an II (14 mars 1794), le « Comité de Surveillance » d’Houplines déclare ce qui suit (ce texte a été publié dans un « Bulletin de la Société d’Etudes de la Province de Cambrai ») .
« le nommé Jean-François Dansette, meunier d’Houplines, émigré depuis 9 à 10 mois et dénoncé comme tel au district, y est dévoilé comme un ennemi déclaré de la République.
Il a constamment développé les principes d’un ennemi juré de la France, que toujours il a fréquenté le curé réfractaire de cette commune qui était réfugié dans une grange au-delà de la rivière du Lys, sur le territoire d’Houplines Nord, domination impériale. Homme violent et le plus implacable ennemi que nous ai donné la horde de ces prêtres féroces et
ennemis de l’humanité. Ce Dansette prenait un plaisir singulier d’aller entendre les diatules (diatribes) avec ceux de notre commune qui comme lui fréquentaient journellement ce curé, ceux-là plutôt pour singer Dansette que par envie de nuire. La maison qu’il a à Halluin où loge sa famille, à l’exception de son fils Louis, ce dernier exploitant le moulin d’Houplines, servait de repaire aux prêtres émigrés et autres ennemis de la Révolution durant tout le temps qu’on eût la faiblesse de le souffrir en France, ce qui lui fit donner le sobriquet de Pape du Cornet ».
Jean-François Dansette est porté à nouveau sur la liste des émigrés (en 1792 il n’en avait été rayé que provisoirement). Ses biens sont confisqués et mis sous séquestre. II évite d’aller à Houplines « à cause des menaces qui lui ont été faites et des persécutions qu’il a essuyées » (Certificat de la mairie d’Houplines).
Le 29 messidor, il adresse une demande, pour être radié de la liste des émigrés, au citoyen Ministre du district, en ces termes:
« C’est un père de sept enfants qui vous prie de lire sa pétition cy-jointe. Sans vous parler de ses souffrances, deux ans passés dans l’attente d’un jugement, peuvent lui donner l’espoir d’être jugé. Il vous demande la grâce d’être mis au rapport, ne la refusez pas à un vieillard qui veut descendre dans le tombeau, dégagé d’un soupçon accablant à un Belge, et qui s’applaudit d’être français.
» Salut, respect et reconnaissance ».
Par arrêté du 11 fructidor, le Directoire constatant que :
Dansette est né et a toujours été domicilié en pays étranger Jusqu’à I ‘époque de la conquête de La Belgique; qu’il n’a jamais exercé les droits de citoyen français; qu’à la vérité il venait quelques fois à Houplines, commune du ressort du département du Nord, mais que ce n’était que pour y surveiller l’exploitation d’un moulin et d’une ferme dont il était le fermier; que son domicile de fait était à Halluin-Noort, pays conquis, qu’il en apporte la preuve par un certificat de ladite commune; qu’enfin il a obtenu un arrêté favorable.
Dansette, prouvant sa qualité d’étranger d’une manière authentique, les lois sur l’émigration ne peuvent lui être applicables, son nom doit être rayé définitivement de la liste des émigrés.
Le 13 pluviôse de l’an 6, février 1798, Jean-François Dansette est, encore, une nouvelle fois dénoncé. Cette fois-ci, par le citoyen Debuique, accusateur public d’Halluin et par les citoyens Cadenne et Cornille, brasseurs à Roncq et Bousbecque. Leur dénonciation parvient en mai au « Ministre de la Police Générale ». . Jean-François Dansette se défend,
le citoyen Debuique renouvelle ses accusations, par cette lettre virulente jointe au dossier et adressée, le 4 vendémiaire, à Pottier, membre du « Conseil des Cinq Cents », lettre reproduite, in extenso, ci-dessous
Citoyen Représentant d’après m’être plusieurs fois exposé pour la défense de la patrie dont vous n’ignorez point les causes, aujourd’hui, des hommes avides de sang, des hommes dis-je indignes de porter des noms républicains, se permettent de violer les articles 14, 16, 17 et 18 de la loi du 19 fructidor an cinquième; mais vous me demanderez (citoyen) Représentant, pourquoi je profère ces mots?
C’est que très convaincu qui des personnes et même des familles entières compris dans les articles ci-dessus spécifiées, restent chez eux; jouissent des prérogatives par des titres injustes; attendu, que le nommé Jean François Dansette fermier et meunier dans la commune d’Houplines sur la Lys canton d’Armentières, ce monstre dis-je, ainsi que sa famille, ainsi que je l’ai couché sur ma dénonciation en date du 13 pluviôse an Œ me. Ce monstre dis-je, encore un coup, après avoir épuisé les trésors du ci-devant royaume de France pour les faire passer au frère de Marie Antoinette, dit l’Empereur d’Allemagne; s’est permit par voie indirecte d’attenter un procès contre les citoyens Cadenne et
Cornille, gens de probité et d’une conduite irréprochable. Le nommé Hubert fils de ce monstre le vingt-cinq fructidor dernier, m’a reproché sur ma susditte dénonciation me disant que milliers de personne au tems (temps) de la terreur avoient passés la guillotine n’étant point si coupables que moi.
Je lui ai répondu, que s’il pouvoit prouver la moindre preuve, que moi seul sans exécuteur je mettois ma tête à la guillotine Pourquoi ne le prouvent t’ils point. Ces ingrats croient t’ils que J’hésiterois à subir ce que la loi ordonne? Non, je suis prêts a subir et dis-je a obéir au code pénal, conformément à la constitution de l’an Y « l e et celles antérieures
Plusieurs citoyens ne parlent point comme moi, à rapport qu’ils n’ont qu’une seule tête, et qu’ils sont trop partials; Mais comme la nature ne m’a donnée qu’une tête, une âme et une conscience ainsi
qu’eux, je les sacrifies volontiers et avec ardeur pour la défense et la sureté des pièces ci- jointes.
Rassuré, Citoyen représentant sur votre patriotisme et votre entière justice considérant que vous avez été élu par un peuple purement patriote et souverain, pour dominer sur lui et lui être équitable, ainsi que les Citoyens représentants vos collègues, j’espère que vous
n ‘hésiterez point à faire droit aux pièces et annexées.
Salut et révérence
Cette lettre qui représente parfaitement le style et la tournure de l’époque est conservée aux Archives du Nord (A.D.N., Série L, 1183).
Le dossier complet de la radiation, de notre ancêtre, de la liste des émigrés est conservé aux Archives Nationales (A.N., référence F-7-5408).
Le fils de Jean-François Dansette, Louis Joseph, qui surveille, pour son père, l’exploitation des moulins et le domaine de Molimont, loge à Houplines, de ce fait il est considéré par l’administration locale comme citoyen français.
En janvier 1794, les moulins sont confisqués et deviennent « biens nationaux », un régisseur est nommé c’est Michel Lernoud, président de la municipalité.
Louis Joseph rentre alors chez son père, Jean-François, à Halluin-Noort. II est à son tour, lul aussi, inscrit sur la liste des émigrés. Il demande sa radiation de cette liste et l’obtient en arguant « qu’il ne pouvoit être considéré comme émigré français puisqu’il étoit né belge, qu’il n’avoit point cessé de l’être… enfin qu’il n’avoitj amais exercé en France le droit de citoyen ».
Après avoir obtenu sa radiation définitive de la liste des émigrés et la levée du Séquestre de ses biens meubles et immeubles (voir plus loin la photocopie de cet acte). Jean-François vient habiter Houplines et signe un nouveau bail de location du domaine de MoÌimont avec la municipalité républicaine d’Armentières. Il continue à gérer, en même temps, les terres du Duc d’Orléans en territoire autrichien jusqu’à une date que nous ne connaissons malheureusement pas. Les terres du duc d’Orléans sur Halluin ont été très vite confisquées par les révolutionnaires. II continue bien sûr à gérer ses propres terres et ses biens sur Halluin, Bousbecque et Wervik. Notre famille n’est devenue « française » qu’après ces événements de 1798. Peu de temps après, les « biens nationaux » confisqués aux émigrés sont mis en vente. Une parue du domaine de Molimont est rachetée par un Monsieur D’Hane de Faure (dont les Dansette deviendront les locataires) .
- des terres à labour et pâtures s’étendant au nord de la « Brune rue » jusqu’au Bourg d’Houplines sur, environ, un kilomètre et demi.
- d’autres prés situés entre la Lys et son bras mort.
- de nombreuses constructions, habitations et jardins bordant la Grande rue dans le Bourg.
- un grand bâtiment (la ferme habitée par les Dansette), ferme construite sur l’emplacement de l’ancien château, entourant une cour, bordé d’un côté d’une longue pièce d’eau.
- l’ensemble de construction, moulin à écorces, moulin à fouler, moulin à farine et moulin au bleu, plusieurs habitations et un magasin situé au bout de la Grand rue, sur une île, entre la Lys et le bief des moulins.
Hubert Dansette Duquesnoy (qui suit en 15) achètera cinq de ces maisons et le magasin (parcelles 51 à 55, 61 et 62 du cadastre de 1833).
En 1848, son fils Alexandre Louis Joseph achètera la ferme et son jardin, puis le 8 août 1862, il achètera une maison avec pré et jardin, un moulin et 4 hectares et 17 ares de jardins sur le Bourg pour le prix de 51.007 francs (ADN.3 Q, 17/11), en 1863, les terres qu’il loue encore aux DHane sont déclarées pour une surface de 37 hectares, et 64 ares. En 1868, Alexandre Dansette achètera encore différentes parcelles de l’ancien domaine.
Jean Lambert-Dansette assure que la fortune des Dansette a été épargnée malgré la Révolution et que Jean-François est très riche, il décède le 25 février 1809, à Houplines, à l’âge de 65 ans.
Son épouse Marie Chombart, après le décès de son époux, continue l’exploitation du domaine de Molimont. Elle décède, rentière, le 26 décembre 1813, à Houplines, à l’âge de 70 ans.
Jean-François Dansette voyage souvent, en effet, en 1776 et en 1782, il n’est pas aux baptêmes de ses enfants Alexandre et Charlotte car il est en voyage.
La succession de Jean-François Dansette est enregistrée, chez maître Bayart à Armentières, le 14 août 1809. Le mobilier est estimé à 7.500 francs et la maison d’Houplines à 600 francs (A.D.N. 3 Q 15-10).
La succession de Marie Chombart est enregistrée, elle aussi, chez maître Bayart, le 23 juin 1814. Le mobilier est estimé à 20.931 francs (A.D.N. 3 Q 15-11).
Il est courant, à cette époque, que les successions ne reprennent que les biens qu’il faut faire estimer pour pouvoir les partager.
Il n’y a pas d’impôt sur les successions, ni impôt sur le capital, quand les familles s’entendent et qu’il n’y a pas de mineurs, la fortune est partagée » à l’amiable par accord mutuel des parties », on évite ainsi de la rendre publique.
Jean-François Dansette et Marie Chombart ont huit enfants, tous nés à Halluin-Noort :
- Jean-François est baptisé le 11 septembre 1764. Son parrain est Antoine François Chombart, son grand-oncle, sa marraine est Marie Jeanne Dansette, sa grand-tante. Nous ne savons pas grand-chose sur lui, sinon qu’il est parrain de son jeune frère Hippolyte, d’après Philippe d’Heilly, il serait décédé avant 1794, sans doute à Gand.
- Alexandre Joseph est baptisé le 11 mars 1766. Son parrain est Jacques-Martin Lambelin et sa marraine, Catherine Bayart, son père, en voyage, n’est pas présent. II est prêtre, par les actes de partage des meubles de ses parents en 1809 et 1814, nous savons qu’il est curé à Peteghem, dans le département de l’Escaut.
- Aimée Henriette Françoise est baptisée le 31 décembre 1767, elle décèdera le 16 janvier 1821. En 1799, elle épouse Charles Louis Leblon (1770-8 novembre 1837). On dit que ce mariage est « le mariage de la terre et des affaires ». Les Leblon sont issus d’une famille rurale d’Houplines, qui s’est fixée, vers 1760, dans le commerce et le négoce de draps, rue Nationale, à Armentières. Charles Leblon est le fils de Laurent Joseph et de Marie Rose Fagnet, négociants. Dès 1811 Charles Leblon, s’associe au négociant en coton Bacon et à son beau-frère, Louis Dansette-Lefebvre, pour créer, en précurseurs, une filature industrielle de lin pour le filer de façon mécanique et non plus manuellement. Ils essaient, dès leur apparition, d’utiliser les machines à filer le lin inventés par Philippe de Girard, mais elles ne sont pas au point…Ils s’acharneront jusqu’au début de l’année 1817, les résultats sont décevants, mais ce sont les tous premiers essais de filature mécanique et industrielle du lin. Heureusement l’entreprise était modeste puisqu’ils n’avaient acheté que 400 broches mécaniques…En 1814, Charles Leblon est élu conseiller municipal d’Armentières.En 1817, il est autorisé à établir une fabrique (tissage) de « calicot », toiles de coton qui, selon l’arrêté préfectoral, « serait susceptible de procurer du travail à une portion de la classe indigente d’Armentières » (A.M.A., 5).En 1820, il crée la première filature mécanique de coton armentiéroise, elle est équipée de métiers à filer « Mule-jenny », inventées en 1779, par l’américain Samuel Crompton. La première filature de coton, en atelier, de la région a été créée, à Esquermes, en 1803 par les Fauchille, mais à cette époques il semble bien qu’il s’agissait encore d’une filature manuelle.En 1823, il équipe sa filature d’une machine à vapeur « basse pression » de fabrication anglaise développant une dizaine de chevaux, sans doute la première machine à vapeur d’Armentières. Avec ses 2.500 broches à filer, la production hebdomadaire est de I .500 kilos, soit plus de 6 tonnes/mois, il est considéré comme le maître incontesté de la production de fils pour « calicots » d’Armentières. Cette affaire se développera très rapidement. En 1823, il mécanise une partie des opérations de tissage. Il crée le premier atelier de tissage mécanique d’Armentières dans lequel il emploie 80 ouvriers, c’est l’ouverture vers le progrès…En 1825, il est autorisé à établir, en plus de son tissage, des métiers à tisser dans plusieurs communes rurales entourant Armentières (A.MA., 7). Il crée et finance, ainsi, plusieurs ateliers, les « pacus armentiérois » de 4 à 6 métiers à tisser le coton, chacun de ces ateliers pouvait occuper jusqu’à 20 ouvriers sous la responsabilité d’un contremaître. En même temps, le 27 juin 1825, il achète, à la ville d’Armentières, un grand terrain, rue du Chauffour, pour y implanter et y construire une importante filature qui sera encore agrandie par la suite. Il géra magnifiquement ses affaires jusqu’en 1837. En 1834, le revenu annuel, déclaré, de Charles Leblon est de 3.000 francs. En septembre 1837, peu avant son décès, Charles Lebon, se sentant malade, s’associe avec son gendre, à la fois son neveu, Hubert Joseph Dansette, fils d’Hubert Dansette- Duquesnoy, son beau-frère… Ils fondent ensemble les Etablissements LEBLON-DANSETTE. L’âge d’or du coton durera environ jusqu’aux années 1845/1850. On peut voir dans le nouveau cimetière d’Armentières son monument funéraire. Il y a été transféré, par la municipalité, depuis l’ancien cimetière de la place Chanzy. Il porte l’inscription « Charles Leblon-Dansette décédé en 1837 à l’âge de 68 ans, Filateur et Fabricant ». Charles Leblon et Aimée Dansette ont eu 4 enfants, leur fille Elise (Elizabeth) épousera son cousin germain, Hubert Joseph Dansette (qui suit en 16), deux fils créent leurs affaires indépendantes et le troisième décèdera assez jeune, ses frères et sa sœur hériteront de lui.
- Hubert Joseph qui suit en 15. (Dansette-Duquesnoy)
- Louis Joseph est baptisé le 15 octobre 1771, son parrain est Jean Nicolas Lambelin, vicaire à Roncq, et sa marraine est Marie Thérèse de la Houttre. II décèdera le 11 mai 1827, à Armentières. Il a épousé à Tourcoing, le 25 fructidor de l’an X, septembre 1791, Marie Angélique Lefebvre. C’est lui qui, dès l’âge de vingt ans, comme nous l’avons dit, avait été chargé par son père de surveiller sur place le domaine de Molimont. En 1802, Louis fonda à Armentières un négoce de vin. De 1811 à début 1817, comme nous l’avons dit aussi, il fait les premiers essais de filature mécanique du lin avec des machines « Girard », associé avec Charles Leblon, son beau-frère et le négociant en toiles Bacon. En même temps, il crée un négoce de toiles à Armentières, rue des Glatignies (me des Rotours). En 1823, il s’associe à un dénommé Peullemeule pour fonder une filature de coton de 2.160 broches et produit I. 100 kilos/semaine soit plus de 4.500 kilos/mois. C’est, en importance, la deuxième affaire textile d’Armentières après celle de Charles Leblon. Peu après il crée une fabrique de tissus « mélangés » (toiles métisses, chaîne coton et trame lin). Le 6 décembre 1814, par ordonnance de Louis XVIII, il est nommé maire d’Armentières et administrateur des Hospices de la ville. A son retour de l’île dElbe, Napoléon le révoque (arrêté impérial du 12 mai 1815). Après les « Cent Jours », il est rétabli dans ses charges, le 11 juillet 1815, par Louis XVIII, charges qu’il occupera jusqu’à son décès le 11 mai 1827.
- Marie Françoise est baptisée le 20 mai 1775, son parrain est Jacques François Chombart et sa marraine est Marie Thérèse Six. Elle épouse Constantin Debralunder, négociant à Courtrai.
- Hippolyte Auguste est baptisé le 18 juillet 1777, son parrain est son frère aîné, Jean- François et sa marraine, sa sœur Aimée. Il s’établit à Lille où il monte un négoce, il a deux fils, Auguste et Henri, ce sont eux qui sont à l’origine de la branche des Dansette de Bruxelles.
- Charlotte est baptisée le 7 mai 1782, son parrain est Jean-François Lambelin et sa marraine Marie Madeleine Ghesquière. Comme pour la naissance de son second fils, Alexandre, Jean-François Dansette est encore absent car en voyage. En 1811 (son père est décédé le 25 juillet 1809), elle a 29 ans, elle épouse, le 18 juillet à Houplines, Henri Félicité Joseph Lepers, « Receveur des Droits Réunis » à Quesnoy- sur-Deûle. Bien que majeure, elle se marie contre le gré de sa mère, nous n’en connaissons pas les raisons, aucun Dansette n’est présent à la cérémonie. Elle a dû rédiger, avant de se marier, un t’acte respectueux » adressé à sa mère, acte officiel, dressé par les notaires Bayart aîné et Boussemart à Armentières le 13 juin 1811. A son mariage, ses témoins sont un vieux cousin, François Pollet, fermier, et un voisin, Jean François Lefebvre. En 1813, au décès de sa mère, elle est domiciliée au Quesnoy-sur-Deûle où son mari est toujours « Receveur des Droits Réunis ». Le 12 décembre 1849, elle est veuve et domiciliée rue de la Drève à Houplines où elle décède.