12 – Jean-François Dansette: 1676-1746

(Jean-François Dansette-Louage)

C’est le premier de nos ancêtres directs qui signe J.F. Dansette alors que ses frères et soeurs signent “Danset”. Cette orthographe adoptée, pour la première fois, par notre ancêtre continuera à se transmettre jusqu’à nous (TAB. 6475-127 acte (voir plus haut) de la succession de ses parents, le 17 décembre 1717).

Jean-François Dansette est baptisé le 22 avril 1676, à Halluin. Il est inhumé le 14 juin 1746, à l’âge de 70 ans, dans le cœur de l’église d’Halluin, le témoin est Jacques-Martin Lambelin, son gendre. Ses héritiers ont du payer 18 livres pour qu’il y soit enterré.

Il épouse, le 8 février 1702 à Bondues, Marie Louage. Leur contrat de mariage est passé le 28janvier devant maître Cuvelier, notaire royal à Linselles (TAB. 5705-117). L’apport du futur époux est de 1.000 livres plus 1.000 livres de prêt sans intérêt. Sa mère, veuve, lui cède les droits au bail de la ferme de la “cense de la basse cour du château”. La future épouse reçoit en dot la somme de 1.600 livres plus 200 livres venant d’une donation faite par Marie de le Roiere. En cas de dissolution du mariage par décès de Jean-François, sans enfant, sa veuve aura droit à 2.700 livres, plus les bagues et joyaux. Si Marie Louage venait à décéder sans enfant, le veuf devra restituer 2.000 livres.

Marie Louage, baptisée le 26juin 1684, est la fille de Jacques et de Marie Selosse.
Il est laboureur et marchand brasseur à Bondues. Il est propriétaire d’un cabaret à Bondues et d’un autre à Wambrechies qu’il met en location. Il est aussi propriétaire de terres à Bondues, Wasquehal et Linselles (TAB. 5702-122, 9144-83, 5699-171, 5689-
5 et 6481-87).

Jean-Français Dansette reprend, le 29 octobre 1703, à l’âge de 27 ans, le bail de “la cerne de la basse cour du château” pour un loyer annuel de 1.500 florins (TAB. 9223- 59).
En 1706, le duc d’Orléans, neveu de Louis XIV et futur régent devient propriétaire de la cense. En effet, après plus d’un siècle et demi de procédures successorales, le duc d’Orléans hérite, sur Halluin, des anciennes terres des Croy (puis des Chimay).
L’hiver 1708-1709 est terrible, “une violente gelée telle que de toute souvenance on n’avait jamais vue, commença la nuit de la fête des rois et dura jusqu’au 20 mars, les semences furent détruites, on dit que des familles entières furent trouvées gelées dans leur chaumière et que les loups entraient dans les demeures pour s’abriter du froid”…
“au gel des emblavures, gel qui fendait et faisait éclater les arbres, s’ajoutent les réquisitions des alliés. La famine pousse les gens à se nourrir d’herbes et de charognes, le nombre des mariages diminue de vingt pour cent, celui des conceptions de trente pour cent”.
Les prix s’envolent, ceux qui ont des surplus (stocks), les gros, font de très bonnes affaires…
L’année 1715 est l’année de l’avènement de Louis XV, né en 1710 et qui décédera en 1774.
Avant son sacre à Reims le 25 octobre 1722 et sa majorité le 16 février 1723, c’est le duc d’Orléans qui a assuré la régence de la France de 1715 à 1723.
A cette époque les techniques agricoles flamandes surclassent largement toutes celles appliquées dans le royaume de France et presque toutes celles des pays voisins.

N’oublions pas que la pomme de terre a été introduite en Flandre, depuis l’Espagne, dès la seconde moitié du XVIème siècle par Charles de l’Ecluse (né à Anas en 1526, il publia un livre fameux en 1583 BOTANIQUE’ illustré de 356 gravures sur bois). Il faudra attendre la fin du XVIIIme siècle pour que sa culture se vulgarise en France sous l’impulsion de Antoine Augustin Parmentier (pharmacien militaire français né à Montdidier en 1737 et décédé à Paris en 1813).
Les principales cultures, blé, orge, seigle, légumineuses, lin, navette, millet, colza, tabac, houblon.., sont favorisées par les labours profonds, “l’assolement” généralisé et une bonne fumure.
L’élevage des bovins en intérieur, “la stabulation”, déjà à cette époque, et les écuries fournissent un fumier abondant, la fumure.
Les porcs courent et se nourrissent sur les terrains boisés non cultivés.
L’élevage du mouton fournit viande et laine.
Jean François Dansette semble avoir disposé rapidement de gros moyens financiers. Manifestement il est riche et rompu aux affaires comme en témoignent les nombreux actes trouvés et résumés ci-dessous:
– En 1719, Jean-François Dansette prend à ferme le moulin du “Gavre” à Halluin (TAB. 5374-80 et 81). 11 a donc la franchise de moudre depuis la Saint Remi jusqu’à la mi-mars “parce qu’à cette époque les moulins de Menin sont souvent en flux ou noyés”. Le “Gavre” prend sa source à Roncq, il délimite les territoires de Roncq et d’Halluin, et se jette dans la Lys.
La possibilité d’exploiter ce moulin est un fait très important, en effet il n’est plus seulement producteur, il devient aussi transformateur, il va pouvoir vendre un produit fini et en tirer encore un meilleur profit… de plus le moulin est assuré d’une bonne activité car les habitants et les paysans étaient tous tenus de moudre leurs céréales dans les moulins du Seigneur, moyennant redevance.., c’était un privilège de la Noblesse et un très bon rapport pour le meunier…
– En 1722, il achète, à Maximilien et Philippe-Antoine Libert, un troupeau de moutons pour 2.400 livres. Maximilien Libert, censier de la ferme de Peruwe ou Peruwez, est le mari de Marie-Anne Besselart, fille de Jeanne-Thèrése Danset, soeur de Jean-François Dansette.
Le 17 avril, il achète à Martin Danset une “chope” (“chope” ou “choque”, un ensemble de maisons) pour 1.200 livres et 18 livres de don gratuit à la femme du vendeur. Ce Martin Danset est fils de Paul, il est boulanger à Halluin.
Le 24 octobre, il reconnaît devoir à Maximilien et Philippe Antoine Libert, enfants de feu Philippe Libert, la somme de 2.450 livres parisis, il s’acquitte de sa dette en leur rétrocédant le “droit au troupeau étant présentement dans la ferme de la cense de Peruwez au dit Halluin suivant le transport que lui afait la veuve de Philippe Libert, occupeur de ladite cense” (TAB. 5377-36).
– En 1723, il loue à un dénommé Hacquette la part qui lui revient d’une pièce de terres (environ 1,5 hectare) qu’ils avaient achetés en commun (TAB. 5378-20).
– En 1724, il est nommé “Directeur des Etalons des Etats de la Chôtellenie de Lille”. Les sources sur ce sujet sont très nombreuses (Archives départementales, Archives de la ville de Lille et la publication, en 1941, de Denis du Péage “La Rue Royale à Lille sous l’Ancien Régime”).
Les Etats de la Châtellenie ne possèdent pas de Haras et c’est une nécessité d’améliorer la race chevaline de la région…
Jean-François Dansette propose, début 1724, aux Etats de la Chôtellenie de Lille de créer, à ses frais, un Haras pourvu qu’il lui soit abandonné le “droit d’étalonnage” sur toute la Châtellenie. Dans sa séance du 6 avril 1724, les Etats entérinent avec quelques modifications la proposition de Jean-François Dansette. Celui-ci est déjà parti, le 23 février acheter 5 étalons, il passe par Anvers, Amsterdam et Rotterdam, il rentre le 31 mars 1724. L’achat des 5 étalons et les frais de voyage s’élèvent à 2.507 florins, “argent de Lille”.
Par un acte daté du 1 octobre 1729, nous savons que les Etats lui payent et lui paieront chaque année -2.400 florins pour la nourriture de 11 étalons, -100 florins pour location de son écurie, -200 florins pour le ferrage et les médicaments, -500 florins pour les gages de 2 maîtres garçons, -2.200 florins pour les gages et la nourriture de 11 garçons et -800 florins pour ses “peines et soins” personnels, soit un total 6.200 florins, valant 12.400 livres paLrisis.
Le produit des “sauts” des étalons qui débuteront chaque année le 15 février et dureront 4 mois et demi lui revient entièrement. Le produit des “sauts” est estimé, par les Etats, à au moins 1.200 florins l’an et le nombre des poulains à 400 chaque année. En 1731, les Etats décident d’acheter de nouveaux étalons, Jean-François Dansette charge son fils, Pierre-François (qui suit en 13), de cette mission. Aux archives départementales ont été conservés les échanges de lettres entre les “Ezats” et Pierre-François, pendant son voyage. Il part le 30 septembre 1731, passe par Amsterdam, Hambourg, Copenhague, Oldenburg en Basse-Saxe, Groningen, il parcourt la Frise et rentre par Utrecht début février 1732 avec 7 étalons.
– En 1735, il achète deux maisons dont l’une à usage de cabaret et l’autre à usage d’habitation avec 2 cens de terres à Hafluin qu’il met en location pour 50 florins l’an
(TAB. 3157-75).
– En 1736, le 26 janvier, il achète à Jeanne Vanfleteren, Pierre Dekerque “et autres” des terres et une maison à Halluin (TAB. 6939-3 et 4).
Le 13 avril, (TAB. 6939-2 1 et 22) il achète les terres sur Halluin qu’il louait depuis 1730 à la famille Mahieu laboureurs à Marckem.
Le 9 octobre, (TAB. 6939-45) il achète un terrain, sur Halluin, à Martin Lambert.
– En 1737, le 14 février, il vend 3.000 “garbes” de lin pour 1.625 livres (TAB. 6940- 12). Son loyer annuel est de 1.500 livres… Le lin est toujours d’un très bon rapport.
Le 16 mars, (TAB. 6940-22), Gérard Craye d’Halluin conteste avoir reçu 300 livres parisis de Jean François Dansette pour avoir vendu, le 17octobre 1725, une hypothèque du Souverain Baillage de Lute. II apparaît que Jean François Billet est obligé envers le dit Gérard Craye d’une rente reprise par Dansette. Nous ne connaissons pas la fin de cette histoire…
Le 2 avril, il achète, à Augustin Boet, des terres et une maison à Halluin (TAB.
6940-30).
Le 27 mai, il achète des terres sur Kalluin à Jean Baptiste Welcomme (TAB. 6940-
38).
En août, il accorde en arrentenient perpétuel, à Marie Joseph Billet, 126 verges et demi de terres situées me des casernes à Halluin pour 22 livres parisis l’an (TAB.
6942-6).
;n 1739, le 6 février, il vend à son fils Pierre François et à Jacques Martir
ndre, 9 verges de terres pour 25 florins et 16 patars (TAB. 6942-6).
Le 2 mai, il donne en location une maison avec I cens de terres à Jean Baptiste Lorfebvre, maître d’école à Halluin.
Le 5 juin, il achète, à Jean-François Danset-Coisne, le cabaret “La Rouge Croix” avec 36 verges de terrain, au bas du bourg d’Halluin, pour 500 florins. Il le transforme en 3 maisons, c’est sa fille Marie Jeanne qui en héritera (TAB. 6944-12).
Le 17 octobre, il vend, à Jean Van Besselars, 3 cens de terres à labour dans une pièce de 1.500 verges située à Wervik, pour 400 livres parisis (TAB. 5394-94).
– En 1740, il reçoit de son beau-frère, Jacques-François Louage, un cheval et 120 brebis et agneaux, valant 696 florins, en remboursement d’un prêt (TAS. 6943-35).
Les toisons de laines sont d’un excellent rapport, notre région est grosse productrice de draps de laine. – –
– En 1743, le 13 mai, Thérêse et Marie Jeanne Danset, filles de Paul Danset, lui empmntent 100 florins à 5 pour cent l’an (TAS. 6945-18).
– En 1744, Michelle Vervenne reconnaît avoir reçu “en pur et réaI prest” 150 florins de Jean-François Dansette “pour subvenir aux présents besoings et frais qu’elle a du essuier tant pendant la maladie de son deffunt mary que pendant la maladie présente de la comparante”, elle promet remboursement. Ce prêt semble de bienfaisance car il ne mentionne aucun intérêt, ni échéance (TAS. 6948-31).
Jean-François Dansette a aussi prêté de l’argent à son beau-frère, Josse Lepoutre, époux de sa soeur Jacqueline, qui le remboursera en lui abandonnant la moitié de la part qui reviendra à sa femme lors du partage des biens de ses parents (TAS. 6475-
127).
– En 1744, Louis XV est en guerre contre l’Angleterre et l’Autriche. Le 14 mai, de son quartier général établi à l’Abbaye de Cysoing, il pousse la conquête des places de Menin, Courtrai, Ypres… la tournée des étalons n’a duré que 73 jours, Jean-François, ayant subi “un tort considérable” demande aux Etats de le dédommager…
– En 1745, il vend, au plus offrant, “plusieurs monts de bois en écartelage” pour un montant de 228 livres (TAS. 6948-48).
– En 1746, année de son décès, Jean-François Dansette, pour sa cense et “le moulin à
moudre blé du prince”, le moulin du Gavre, exploite 50 bonniers 13 cens et 59
verges, soit environ 72 hectares de terres, en plus des impôts normalement dus, il paie
34 livres pour “l’aumône dupain”(I-l.M.H. C 12).
“L’aumône du pain” était levée les mauvaises années; son produit était destiné à l’assistance publique.
Le 6 février 1720, il a acheté, avec Antoine Odou, pour 18 livres, la jouissance du banc de l’église d’Halluin, banc dit “des nones”, pour eux, leurs femmes et leurs enfants. Ce banc est situé à côté de celui du Bailli, au premier rang de la nef…
Il est échevin d’Halluin, il en devient le Bourgmestre en 1722 à l’âge de 46 ans.
Philippe d’Heilly nous apprend que le Bourgmestre et les échevins se réunissent dans le cabaret de Bertram Danse! pour “appointer les affaires de la communauté” ce qui donne lieu à des “beuvettes” à la charge des contribuables…
En 1735 Jean François Dansette était qualifié de “Bourgmestre d’Halluin et Bailly de l’échevinage de Bourgogne” (A.D.N. E 1200, “Chasserel de la Seigneurie de Bourgogne’.
Dans un acte de 1739, Jean-François Dansette est qualifié de ‘Bailli de la Seigneurie de Bourgogne” (TAB. 5394-94). Notons que l’on dit encore “Seigneurie de Bourgogne”…
Avec son beau-frère, Jean-Baptiste de la Houttre, il est “Seguert occupeu et adjudicataire de la dîme de Saint- Vaast”.
L’Abbaye de St-Vaast était bénéficiaire de la dîme sur une partie de la paroisse d’Halluin, la collecte de cette dîme était affermée par contrat contre une certaine somme d’argent. La collecte de cette taxe était concédée à un “fermier” par adjudication au plus offrant.., ou au plus influent…
Avec son frère Jacques, il est “receveur des biens de la paroisse”.
Jean-François Dansette et son épouse, Marie Louage, testent le 25janvier 1721 devant maître Desmadrid, notaire à Tourcoing. Leurs biens seront partagés à part égale entre chacun de leurs enfants sans préférence d’âge ni de sexe et sans “droit de maineté”.
Le droit de maineté ou maisneté accordait au dernier né, le “maisné” (mauvais né ou mal né) certains avantages dans le partage des biens parentaux comme le droit de choisir en premier une pièce de chaque sorte des biens meubles laissés par les parents, ces avantages pouvaient varier selon les coutumes locales.
Le partage effectif de leurs biens fonciers sera fait, à égalité entre leurs trois enfants, le 21 avril 1747 par maître Ghesquier à Tourcoing (TAB. 6950-19).
Jean-François Dansette et Marie Louage ont eu six enfants, seulement trois parviennent à l’âge adulte:
• Marie-Jeanne, elle, est baptisée le 7 février 1706 à Halluin. Elle épouse, en octobre 1727, Pierre .Toseph de le Becque, marchand à Roubaix, né en 1707. Il est fils de Pierre et de Aune-Marie Pinget.
• Marie-Thérèse, elle, est baptisée à Halluin le 20juillet 1711. Elle épouse Sacques Martin Lambelin. Il occupe, à Halluin, la cense Delebecque d’environ 56 hectares, cense appartenant, elle aussi, au duc dOrléans. Il succède à son beau-père, JeanFrançois Dansette, au poste de Bourgmestre d’Halluin. Il sera le tuteur des enfants de son beau-frère Pierre-François Dansette.
• Pierre-François, qui suit en 13. (Dansette-Isbled)

Un autre Jean-François Danset habite Wervik â la même époque, il épouse Marie Anne Coisne, veuve de Lucien Logié, en 1771, il est veuf, sans enfant (TAB. 7303-59).
Les deux pages suivantes sont la photocopie d’une des lettres de Pierre-François (qui suit en 13) adressée aux “Etats” depuis Hambourg.